mardi 31 mars 2020

31 mars 2020 - Covid-19 - Le pangolin

31 mars 2020.

Tout le monde vont bien. Ouf. Allez zou! On passe les routines, y'en a marre.

On commence sérieusement à se faire chier. J'ai fait deux fois les vitres. La machine à laver le linge tourne en continu, ça occupe,  et toutes mes chemises sont roses. Je lave les chaussettes droites dans une première machine. Puis les chaussettes gauches dans une autre. Tu perds 2 heures au lieu d'une. Si cela continue encore une semaine ce putain de confinement, je rajoute une clé de tri par couleur. 12 lessives. De quoi passer une journée complète. Et la planète, je m'en fous! Greta? Je m'en fous. L'aspirateur  de la maison est davantage utilisé qu'un respirateur à l'Hôpital civil de Strasbourg. Le gazon, on dirait un golf. Mon jardin à l'anglaise s'est transformé en jardin à la française. Plus de pâquerettes: couic! Plus de trèfle: couic! Les pissenlits, on les a bouffés. Les tulipes et les jonquilles sont au garde-à-vous. Les haies sont taillées au cordeau, aux ciseaux. Mon jardin ressemble au cimetière militaire allemand de la Cambe en Normandie. Les chambres des enfants sont rangées. Non, là je déconne: on a que des artisses en stock. Notre home sweet home ressemble à une maison feng-shui. Plus de bazar. Mes fringues sont pliées à la façon de Seb. Les chaussettes orphelines ont retrouvé des parents. Bref, on a l'impression de vivre dans un catalogue Ikea. C'est nul, mais ça occupe. 

Mais là, on commence sérieusement à s'emmerder!

Bon, hier soir, on a eu  un direct façon BFM: une évacuation type guerre bactériologique devant le cabinet du médecin de Breuschwickersheim. Un beau film de science fiction.
- Bonjour docteur!
- Coin-coin!
Scaphandres, lunettes et masques de protection, surchaussures. Oulala, oulala! Si c'est le bon docteur du village, on est foutus! Si c'est la boulangère, c'est la famine! Heureusement, ce n'est pas le cas. On respire, pas comme çui qui est évacué pouf pouf.

Je n'ai même plus envie d'écrire. Mais comme il faut bien gagner sa croûte, je me force à sortir l'article du jour.

Du coup, j'ai décidé de plagier. Comme Gainsbourg qui pilla Chopin sans que personne n'y trouve à redire. Comme Muse, qui fît de même avec le même Chopin. Et comme tant d'autres: écrivains, peintres et autres artistes en tous genres qui pillent à tout va sans rien dire à personne, alors que s'inspirer des autres en le revendiquant serait si simple non?

Rendons à César ce qui est à Pierre Desproges. Cet Homme avec un grand O était parfois visionnaire, même si je ne sais pas s’il l’a fait exprès dans le cas de ce mammifère à virus qu'est le pangolin.

Pratique du coup, je n’ai rien à faire si ce n’est un copier-coller. Cela tombe bien, j’ai encore plein de chemises à repasser. Pour perdre du temps, je le fais à la façon des légionnaires, avec les plis marqués. 1 heure par liquette, soit une bonne demi-journée.

Ce texte plagié  est tiré du "dictionnaire superflu à l'usage de l'élite et des biens nantis", ouvrage culte s'il en est et qui m'accompagne depuis ma prime adolescence.

Le Pangolin s'est échappé (photo Paris-Match)
"Pangolin n. m., du malais panggoling, qui signifie approximativement pangolin. Mammifère édenté d'Afrique et d'Asie couvert d'écailles cornées, se nourrissant de fourmis et de termites.

Le pangolin mesure environ un mètre. Sa femelle s'appelle la pangoline. Elle ne donne le jour qu'à un seul petit à la fois, qui s'appelle Toto.
Le pangolin ressemble à un artichaut à l'envers avec des pattes, prolongé d'une queue à la vue de laquelle on se prend à penser qu'en effet, le ridicule ne tue plus."
Homme élégant, Pierre Desproges présenta ses plates excuses au pangolin. A réécouter en cliquant sur le lien  https://youtu.be/9AoylmoPFdI .


Les contaminés du jour:
  • Quelques milliers d'anonymes sur la plupart des continents. 
Les morts du jour:
  • Pierre Benichou, auteur d'un recueil de nécrologie en 2017. Mais dont la mort n'a rien a voir avec le coronavirus. Cet homme est exceptionnel donc.
  • Michel Hidalgo, célèbre entraîneur de foot. Il sera inhumé vêtu du survêt' de l'OM. Rien d'original à une époque où tous les télétravailleurs bossent en survêt-claquettes ou en caleçons-espadrilles.
La citation du jour
  • "Au Paradis, on est assis à la droite de Dieu : c'est normal, c'est la place du mort." Pierre Desproges.

Je vous laisse. Je dois aller faire cuire le pangolin pour le dîner. Les artichauts, veux-je dire.

lundi 30 mars 2020

30 mars 2020 - Covid-19 - Confinement artistique: Vamos a la playa!

30 mars 2020.

En cette période de confinement, il est important d'avoir des routines afin de ne pas devenir dingues comme Hector notre teckel.
Nous vivons de façon quasi monacale, et grâce à ma tonsure au dessus du crâne je fais illusion. Les jeûnes, mais sans accent circonflexe pouf-pouf, m'appellent désormais Père Arnaud. Quand au jeune, mais avec accent circonflexe re pouf-pouf,  on verra dans quelques jours.
Question musique par contre, on n'en est pas encore au chant grégorien. Ouf!

Première routine. Musicale donc. Commençons par mettre le son à fond et cliquons sur le lien suivant:  Only You de Steve Monite (cliquer sur le lien) pour nous mettre en forme. C'est la première routine. Merci Camille.

Seconde routine: la boulangerie.
- Bonjour Docteur!
- Coin-coin!
- Bonjour la boulangère!
- Coin-Coin

Livraison du pain quotidien à Marinette et Paul, avec une baguette garantie sans virus par le bon médecin du village.

Troisième routine: prendre les niouzes
Paul et Marinette vont bien. Suzanne et Henry vont bien. Les Dary vont bien. Toute la famille de toute la France, d'Alsacerie et d'Angola va bien. Camille danse. Toute ma Famille du boulot va bien, même Anne-Gaëlle qui récupère du Covid. Bref, tout le monde vont bien. Ouf! Ah oui, je vais bien aussi. Pourvu que ça dure.

Comme c'est lundi, il faut bosser. Branchement du PC et du téléphone. Première réunion de crise à 8 heures avec le Comité de Direction.
  • Chiffres d'affaires: -10%!
  • Effectifs: -10%!
  • Commandes: -10%!
  • Emmerdes: +1000%. 
- Enfin un chiffre positif , c'est encourageant, continuons! que je dis sur skype.
- Arnaud?
- Oui Laurence (c'est mon chef)?
- Vous passerez dans mon bureau s'il vous plaît? Je n'aime pas votre humour.
- Ben non, je ne passerai pas. Je suis confiné et peut-être très contagieux. Et toc!

Je viens de sauver ma peau. Très douce il faut le noter,  à force d'être décapée et gommée au savon et au gel hydroalcoolique.

10 heures. Seconde réunion de crise avec mon équipe.
- Salut la Famille! Z'avez passé un bon week-end?
- Excellent mon général! On s'est fait chier, mais on est toujours corona-négatifs! Sauf  Anne-Gaëlle, mais ça va mieux, on l'entend au son de sa voix!
- Parfait les p'tits gars et les p'tites gonzesses! La mission du jour, c'est trouver des masques! Z'êtes prêt à rentrer dans le chou des chinetoques? Y z'ont multiplié les prix par 40 les salopards.
- Des masques? C'est carnaval chef?
Comme je l'ai déjà dit, ça ne va pas être simple de bosser en télétravail.

Rien d'autre si ce n'est la journée ne se passe.

Et pendant ce temps, les artisses de la Villa Médicis de Breusch' continuent de commettre des chefs- d'oeuvre, notamment cinématographiques.

Le dernier en date: Pierre à la plage (cliquer sur le lien), sur une musique de Steve Turre, célèbre tromboniste américain. Et tueur en série à l'origine de la mort de quelques centaines de personnes aux States. Positif au coronavirus, il continua de jouer en concert plusieurs jours, expectorant ses postillons toxiques via son trombone, cette arme au pavillon évasé façon tromblon  qui permet une dispersion régulière et lointaine de toute particule expirée sur les visages des spectateurs en pâmoison, surtout les riches qui sont au premier rang. Steve Turre est donc à l'origine du premier cluster Covid-19 américain. J'espère qu'il mourra dans d'atroces souffrances, honni par Donald. Coin-Coin.


Mais revenons à nos moutons, ces sortes de canards à laine, sans palmes, sans bec et qui ne font pas coin-coin: cela fait du bien.  A défaut de plages bretonnes pour aller dorer sa peau au soleil et raffermir sa cellulite et ses vergetures dans l'eau glacée de l'Atlantique,  le chantier du GCO fait l'affaire de nos artisses. En pareilles circonstances, il faut savoir faire preuve d'adaptation. Et pas seulement cinématographique. Gaby est un peu loin: il n'a pas pu faire le montage du chef d'oeuvre. Il faudra faire preuve d'indulgence.

Les contaminés du jour
  • Christophe. Célèbre chanteur que je croyais déjà mort. 
  • Marine et Jean-Luc, ainsi que plein d'autres politiciens qui n'hésitent pas à verser de l'huile sur le feu plutôt que d'en mettre dans les rouages. On a les représentants que l'on mérite.
Les morts du jour:
  • Patrick Devedjian (désolé, je radote). Célèbre politicien de droite qui vient donc de passer l'âme à gauche. Quand on sait que les morts sont généralement assis à la droite de Dieu, c'est vraiment idiot.
  • Henri Tincq, célèbre journaliste et chroniqueur religieux, qui vient de passer l'âme à droite, lui. Il faut dire qu'il s'y connaissait en catholiqueries. Il est à droite, comme Devedjian. Mais de Dieu, pas de Sarkozy.

La pensée du jour:
  • "Sous les pavés, la plage!". Pierre Cohn-Tardif., dit Pierre Issen. Voir le film ci-dessus.
La musique du jour:
  • All Blues, de Steve Turre, le tueur en série armé de son trombone à virus.

Bon, je vous laisse, je dois terminer les vitres. Dans notre prochaine maison, il n'y aura pas de véranda. Et une seule fenêtre. Petite. Et à meneaux. 




dimanche 29 mars 2020

29 mars 2020 - Covid 19 - Un dimanche de confinement

29 mars 2020

Un dimanche de mars 2020
Villa Médicis de Breuschwickersheim 
Allez, on commence la journée par Only You de Steve Monite (cliquer sur le lien) l'hymne de la Villa Médicis de Breusch'. Année 1984, chanteur disco Nigérian. De quoi donner la patate. Merci Camille! La morsure du teckel est guérie. Elle peut donc à nouveau danser et chanter. Il faut avoir une musique en soi pour faire danser le monde disait Friedrich Nietzsche (Merci à Marion, ma nièce Castafiore et très cultivée). Camille a sans doute Only You en elle. On n'est pas sortis de l'auberge. Façon de parler en ces temps de fermeture généralisée des restaurants.

Temps froid et gris, pluvieux:  on va confiner dans le confinement. Les soutes sont bien remplies: ouf. Un point d'inquiétude toutefois: le rayon pinard du supermarché Match d'Achenheim est détruit. Les stocks de bibine sont au plus bas. La situation devient vraiment inquiétante.

Paul et Marinette vont bien. Suzanne et Henry vont bien. Les Dary vont bien. Toute la famille de toute la France, d'Alsacerie et d'Angola va bien. Camille danse. Toute ma Famille du boulot va bien, sauf Amme-Gaëlle qui a perdu le goût, l'odorat et sa voix.  Bref, tout le monde ou presque vont bien. Ouf!

Le dimanche est un jour très important. C'est en effet la journée dédiée à la planification des menus de la semaine suivante. Nous commençons par un inventaire détaillé des soutes de la Villa Médicis de Breuschwickersheim.
  • 3 paquets de pâtes et 1 de crozets. 2 sachets de riz. 1 chasset de chips. 2 paquets de Trucs. Pardon. De Tucs.
  • 2 sardines Connétable et 3 pâtés Henaff.
  • 3 boîtes de pois-chiches (Solenn commence à vomir à l'évocation du produit), 1 de lentilles.
  • 24 plaquettes de beurre 1/2 sel Paysan Breton, ce qui devrait suffire pour la semaine prochaine.
  • 8 saucisses et 8 tranches de jambon. Ah, on m'informe que l'un des paquets de jambon a été attaqué par une bande de jeunes affamés à 2 heures du mat.  Il ne nous reste en fait que 6 tranches de jambon.
  • 1 claquos au lait cru, 1 reblochon et 1 comté. 1 Pont-Lévêque, mais surtout la croûte.
  • 4 litres de rouge. 2 cidres. 6 bières. Aucune Corona: sauvés!
  • 1 pain de mie périmé depuis hier. Quelques craquottes qui ne craquent plus. 3 croûtons durcis.
  • 8 oignons, 2 gousses d'ail et 15 pommes de terre dont 4 sont germées. 2 vieilles noix (je ne parle pas des parents) et 13 noisettes de 2013.
  • 1 racine de raifort ramenée par Camille après son évacuation et que personne même Hector n'a encore osé attaquer (la racine, pas Camille).
  • Farine, huile, sel, poivre: RAS
  • Croquettes pour chien: OK.
C'est Isa, expert-comptable de la famille qui est chargée de valider l'inventaire. On constate des écarts considérables entre les quantités théoriques et les quantités réelles. On soupçonne en effet certains de nos jeunes de jouer à l'écureuil et de faire des réserves dans leur chambre. Si çela continue, je vais devoir cadenasser les placards. Ou mettre Hector devant.

Camille n'est malheureusement pas vegan ou végétarienne: c'est très dur pour le rab' de saucisses. ou de rata. Elle aime manger et s'extasie devant chaque plat concocté par les cuisiniers. Surtout quand c'est Isa qui tambouille. Cette semaine, on a eu: raclette, poissons de l'océan, croziflette, saucisses purée et on va clôturer la semaine par un boeuf bourguigon familial. Pierrot grossit à vue d'oeil, malgré ses séances quotidiennes de boxe et son abnégation d'ascète qui le pousse à se confiner dans son studio d'artiste incompris au sous-sol. Et juste à côté de la cave à vin.

Coup de fil de Seb. Il va bien. Sa compagnie de Gendarmerie a reçu des masques. Les gendarmes n'ont toujours pas le droit de les porter. Il était hier en mission au Tribunal de Bordeaux. Tout le monde portait un masque. Tout le monde sauf les gendarmes. Il va falloir qu'on me dise qui a géré les stocks de masque en France. Voir la rubrique "Les morts du jour".

Mais revenons plutôt à nos canards. Les confits. On vient de valider les menus de la semaine prochaine entre la poire et le fromage. Blurp. Bon, le midi, c'est pique-nique. Le bordel quoi. Avec 6 tranches de jambon dans les soutes, il va y avoir des émeutes. Programme des menus du soir:
  • Lundi: quiche au saumon. Il manque le saumon. On fera quiche. Ah, il manque aussi les oeufs? On fera pâte feuilletée. Salade verte du coin-coin.
  • Mardi: blancs de poulet à la crème pour alléger le plat. Accompagnement à définir. Il reste une racine de radis noir: encore merci Camille!  Solenn vomit une seconde fois.
  • Mercredi: saucisses-purée.
  • Jeudi: lasagnes à la façon de Pierre; végétariennes, avec les légumes de Betty, la commerçante du village qui reste ouverte coûte que coûte. Pour nourrir les villageois et écouler la marchandise des producteurs locaux.
  • Vendredi: croque-morts. Ah merde. Croque-monsieurs veux-je dire. Mais avec toutes ces infos en continu sur le nombre de morts en Alsacerie, on se perd. 
  • Samedi: pizzas du resto du coin-coin pour faire bosser les commerçants du coin-coin. 

La semaine est organisée, planifiée question bouffe. L'essentiel donc. Le ciel peut nous tomber sur la tête, par Toutatis,  et le virus sur les poumons, par Esculape, nous ne craignons plus rien.

Les morts du jour:

  • Patrick Devedjian, ancien ministre de droite. J'espère que ce n'est pas lui qui a décidé de supprimer les stocks stratégiques de masques en France. Sinon, je vote à gauche. Ah me dit-on, c'est un gouvernement de gauche qui a initialisé la décision? Ok, je vote donc Bertrand Vergez-Pascal, maire mais pas trop encore de Monein.
  • Aïcha, caissière chez Carouf. Contrairement au glyphosate, le coronavirus ne semble pas sélectif. Socialement s'entend. Notons qu'en ce moment, les caissières sont des personnes beaucoup plus importantes que les anciens ministres. Il faut les soutenir et les protéger. Eviter donc de postillonner lors des passages en caisse.


Les contaminés du jour:

  • Toujours plein de stars qui se répandent sur les réseaux sociaux. Je reste pétri de honte par tant d'impudeur de tous ces bien-pensants.
  • Joseph-Adolf  Martinez en 1940, après la signature
    du pacte Germano-soviétique
  • La CGT de Joseph-Adolf Martinez qui lance une grève dans la fonction publique et demande aux chauffeurs de faire jouer leur droit de retrait. Cela nous rappelle le bon vieux temps du pacte germano-soviétique dans les premières années de la seconde guerre mondiale, pacte largement soutenu par les ancêtre de nos cégétistes actuels, sans sourciller ni friser la moustache. Il faut vraiment profiter de ce temps de confinement pour relire nos livres d'histoire. Et penser à tous ces travailleurs qui chaque jour que Dieu fait soignent nos malades, veillent sur nos compatriotes (merci à toi mon Seb), maintiennent l'économie à bout de bras, transportent les malades, les biens essentiels, la peur au ventre parfois, mais toujours avec conscience tandis que Joseph-Adolf est paisiblement confiné d'idéologie communisse dans sa datcha aseptisée. 

Les pensées du jour:

  • L'intelligence, ce n'est pas ce que l'on sait, c'est ce que l'on fait quand on ne sait pas. Piaget (célèbre marque de montres de luxe je crois). Il faudrait que le sénateur LR Retailleau relise Piaget avant que de donner libre cours à ses pensées complotistes sur la Nivaquine. Il faut relire de Gaulle ou Churchill.
  • Il ne faut pas seulement utiliser tout son cerveau, mais tous ceux qu'on peut emprunter. Thomas Woodrow Wilson, un des prédécesseurs de Donald Trump, qui refuse d'emprunter le cerveaux des autres, alors même que les taux d'intérêt sont bas. 

Je vous laisse, j'ai un saucisse purée à préparer pour mercredi. Il faut que je prenne de l'élan: je n'ai pas l'habitude!


jeudi 26 mars 2020

26 mars 2020 - Covid-19 - La Villa Medicis de Breuschwickersheim

26 mars 2020.

Villa Médicis à Breusch', sise 10, rue
du Général de Gaulle
Paul va bien. Marinette va bien. Suzanne va bien. Henri va bien.
Nous allons bien. Cela fait quand même 5 bonnes nouvelles pour commencer la journée. Etonnant non?

Petite sortie matutinale.
- Bonjour docteur!
- Coin-Coin!
- Bonjour la boulangère!
- Coin-Coin!
C'est toujours carnaval. Tout le monde porte un masque. Après, on avec ce confinement, on va faire carême. 

Je regagne notre cabane que je viens de rebaptiser Villa Médicis (https://www.villamedici.it/fr/ ) pour une journée de travail, avec le commando d'acheteurs Pierre Schmidt.
- Bonjour mon général! Nous sommes prêts, mais pas trop! A vos ordres, mais pas trop non plus!
- Repos les pt'tis gars. Mais pas trop non plus!
Alors bon. La journée se passe tout à fait anormalement, avec une surprise à chaque instant. On suit pour le moment. La France ne manquera pas de knacks: ouf!
- Miam Miam mon Général!

Mais revenons plutôt à nos volatiles à laine. Nos moutons veux-je dire. Pourquoi Villa Médicis? C'est une excellente question. Nous confinons à 5. Isa, Solenn, Pierre, Camille, réfugiée Covid-19, et moi-même. Ce qui nous fait 3 artisses, soit 60% de la communauté confite.  Je passe sur le teckel qui semble malgré tout apprécier les artistes: il a failli bouffer Camille au bout de deux jours dans une séquence mémorable où je sauvai in extremis notre invitée de la mâchoire vorace du canidé. Le fournisseur que j'avais au téléphone à ce moment, casque sur les oreille,  s'en souvient sans doute encore.
- Wouaf wouaf croque wouaf! (Hector, la mâchoire accroché à la cuisse de Camille)
- Hectoorrrrr! Lache Camille! (Moi, bondissant de ma chaise pour sauver la réfugiée)
-...
- Mr Tardif? Allô?
- Ne quittez pas Mr Horvat, j'ai un problème! Au secours, help, hilfe! Hector!
- Wouaf wouaf croque wouaf!
- Mr Tardif??? Votre fils Hector ne va pas bien? 
- ...
- Allô? Allô? C'est le virus?
- Nan, c'est pire. 100% mortel. Je vous rappelle Mr Horvat. A bientôt! 
Vite, l'armoire à pharmacie! Alcool à 90°. Cela désinfecte et c'est virucide. Camille hurle. Pas de compresse: du Sopalin fera l'affaire. J'appelle l'infirmière Madou. Miracle, elle répond du premier coup. Bétadine à grosse dose. Ouf. Camille est presque sauvée. Canard, zut, médecin deux heures plus tard.
- Bonjour docteur!
- Coin-coin! 
- Mon teckel a croqué Camille, il est corona-négatif, ouf, mais il a peut-être la rage ou la rougeole Si on pouvait éviter l'amputation, ce serait bien.
- Coin-coin!
Quel canard ce médecin.

Revenons encore à nos moutons à plumes. A Rome, l'Académie de France est logée dans la Villa Médicis et accueille des artistes plus ou moins doués. Mais tous super pistonnés.

A Breuschwickersheim, notre Villa Médicis accueille désormais trois artisses. Nous en sommes très heureux. Certes, en ces temps de guerre, les artistes ne servent vraiment à rien: il ne savent pas faire de saucisses ni de choucroutes, ni fabriquer des masques ou des gels hydroalcooliques, ni faire des pansements. C'est nul. 
Nos artistes ne sont par ailleurs absolument pas conscients de la guerre qui déroule sous nos yeux. Grasses matinées, petits déjeuners à l'heure de notre déjeuner à nous. Brunch. Goûter de 16 heures. Apéro de 18 heure. Dîner. After. Les restrictions, ce n'est visiblement pas pour tout le monde!
Nos artistes ne savent pas non plus passer l'aspirateur, faire la vaisselle, ranger et tout et tout.
Par contre, il savent dessiner, chanter, danser, ce qui met de la vie dans la Villa, c'est très important en ces temps de confinement.

Illustrons ces talents...

Tableau figuratif très réussi.
Titre: "Manger pour ne pas mourir bêtement"
Par Solenn Tardif

Quant à Camille, elle a réalisé un clip sur le chantier du GCO, le plus grand chantier autoroutier de France qui passe juste sous nos fenêtres. Et bien entendu à l'arrêt pour le moment. C'est la guerre en France, si si, je vous l'assure. C'est tourné à Breusch'. Et ça totalise 5 vues sur YouTube, c'est énorme. Sur le thème Only You, de Steve Monite

Le lien pour visionner: https://share.icloud.com/photos/01S8UE0Vy8dbtwXjgsOk41xwg Ou cliquer sur l'image...

Et pour la version musicale, c'est ici: Only You, Steve Monite . Gaffe, ça dure plus de 6 minutes!





Les morts du jour:
  • Le célèbre dramaturge américain Terrence McNally a  perdu son combat contre le coronavirus. C'est un vrai drame. Logique.
Les contaminés du jour
  • Greta Bidule n'est toujours pas passée dans la rubrique du dessus. Ouf!

Le soleil continue d'illuminer cette semaine de confinement. L'air est moins pollué. Parfait pour les détresses respiratoires.

Je vous laisse, il est 20h00. A Breush' aussi on applaudit aux balcons. Je ne sais pas si c'est très utile pour lutter contre ce coronavirus. Ah, si finalement, ça l'est!

mercredi 25 mars 2020

25 mars 2020 - Covid 19 - World War III

25 mars 2020. 

Temps froid et sec. Les températures ont baissé. La mienne aussi. Ouf!

Départ pour la mission baguette. RAS. Coin-coin au médecin en passant. Lui ne connaît pas la crise. Café: on en a encore un peu dans les soutes.  Connexion au boulot: c'est parti pour une nouvelle journée étonnante. C'est la guerre, dixit notre Président. Du coup mes collaborateurs ne m'appellent plus chef-oui-chef, mais mon général. Nous formons une compagnie de télétravailleurs. Parfaitement mixte, je tiens à le souligner. Premier appel via skype: 
- Salut la "famille"!
- Bonjour mon Général!
J'entends au loin le claquement sec des talons qui trahit un garde-à-vous presque parfait. Et une forme de respect pour la hiérarchie qui force l'admiration. Etonnant pour une "famille" de rebelles nés.

Afin de me mettre dans l'ambiance, j'ai ressorti le treillis et le béret  que je portais lors de mon service militaire, effectué en héros en tant que sergent-chef dans les transmissions (pour faire allô dans les tranchées je crois). J'aligne les décorations sur ma poitrine musclée: ourson, 1ère étoile, flèche de bronze. Il faut dire que j'ai rempli des missions exceptionnelles pendant lesquelles j'ai risqué plusieurs fois ma vie: corvées de chiottes, gardiennage de l'école de transmission avec un pistolet même pas chargé, vie en chambrée de 8, camping sous la tente, concours Kronenbourg et tout et tout.
- Papa, c'est des médailles de ski! T'es ridicule!
- Je sais, mais l'image sur skype n'étant pas d'une grande qualité, la Famille n'y verra que du feu.
- La Famille?
- Ben oui, c'est commak que je les appelle. C'est affectueux non? Mais c'est juste pour rire en ces temps tristes.
- Je préfère ça...

Evidemment, j'ai un peu grossi. Là et là. Et là aussi. Le bouton du pantalon ne ferme pas. Je coupe l'image de skype: personne ne verra rien.
- Oui mais du coup, ils verront pas tes médailles tes commandos!?!
- Ecoute ma fillotte, dans la vie, il faut faire des choix, décider. Je te rappelle que c'est la guerre. Allez ouste, va faire tes devoirs!
- J'en ai pas depuis 3 ans, c'est pas le coronavirus qui va me faire changer d'avis.

Skype fonctionne. Toute mes commandos sont on line.
- Equipements?
- Prêts mon Général! 7 ordinateurs portables, 7 téléphones, 7 tasses de café. Parés mon Général. On va tout péter!
- Merci les p'tits gars!
- Euh chef, y'a des femmes aussi dans l'équipe. Donc les p'tits gars, ça ne va pas.
-...
-...
- Merci donc!

Je donne les instructions pour les missions du jour.
- La production de saucisses et de tartes doit absolument se poursuivre! Il faut sauver nos agriculteurs et nourrir la France!
- Miam Miam mon Général! 
Alors bon. Je sens que ça ne va pas être simple tous les jours.

Les morts du jour:
  • Mark Blum. Acteur célèbre mais pas trop. Ne pas confondre avec Orlando Bloom, acteur célèbre aussi pour son rôle dans le Seigneur des Anneaux.  Ouf! Solenn ne le supporterait pas.
Les contaminés du jour
  • Boris Johnson. Comme beaucoup de stars, il s'en fait l'écho sur les réseaux sociaux, confiné dans sa bicoque tout confort, et à portée de téléphone ou d'hélicoptère d'un hôpital super équipé.  Lisons https://www.lepoint.fr/tiny/1-2369019
Le rouge gorge est réapparu dans le jardin. Le printemps est vraiment là.

Le silence à l'extérieur est étonnant. Enfin quand les enfants dorment. J'y reviendrai...




mardi 24 mars 2020

24 mars 2020 - Covid-19 - Canards

24 mars 2020

Promenade matutinale avec ze passeport in ze pocket et tout et tout. Sébastien veille en effet depuis le Sud-Ouest, épargné pour l'heure.
Comme tous les matins, je croise le docteur du village.
- Bonjour docteur, tutti va bene ?
- Coin-coin! qu’il me répond.
Normal. Avec son masque en bec de volatile à plumes, il est difficile de s'exprimer autrement que par onomatopées.

Il est 6h30: il doit en avoir du boulot lui. Les patients font déjà la queue devant son cabinet. Personne devant la boulangerie: les priorités des villageois semblent avoir changé.

Je vais chercher mon pain quotidien. Je salue la boulangère à distance respectable et lui demande un paquet de Doliprane. Je ne sais pas pourquoi, mais elle me regarde bizarrement. Inquiète sans doute: on le serait à moins. 
- Bien cuit le Doliprane?
Alors bon. Je quitte la boulangerie sans éternuer. Ouf! 
Livraison de la baguette quotidienne à Marinette et Paul, nos petits voisins d'en face qui confinent prudemment. Paul, je le rappelle, est fragile des poumons. 

Retour at home. Dans la salle à manger. Pardon, dans le bureau.  Ordinateur portable, téléphone chargé à donf, citerne de café. Go ! La journée commence. Un bazar immense et jamais vu. 7 heures au téléphone: record battu! J'ai un casque: ce n'est pas le moment de choper un cancer du cerveau.

Les morts du jour:
  • Uderzo. Tout le monde s'en fout. Il faudrait pourtant le relire. Pour rire. Et parce qu'avec ce confinement, chacun d'entre nous vit dans un petit village qui tente de résister à cet envahisseur qu'est le Coronavirus.
  • Omar Bongo, célèbre saxophoniste africain. Ah, on me dit que je me suis trompé. Il s'agit de Manu DiBongo. Mais avec un "a". Omar Bongo n'est pas saxophoniste. Il est gabonais. 
Les contaminés du jour
  • Greta Thunberg, célèbre conscience autoproclamée du monde. Elle est contre tout, notamment le progrès. Et sans doute contre les vaccins. Pour le moment. Son avis sur la question pourrait changer très rapidement. Dès qu'elle sera branchée à un respirateur artificiel.
Et après tout, on s'en fiche un peu. Ai-je annoncé sur ma page Facebook que j'étais moi zaussi contaminé?

Ah tiens, le cerisier est en fleurs. C'est le printemps. On va pouvoir sortir.

Ah zut, on est confinés!





dimanche 22 mars 2020

Mars 2020 - Covid-19 - Chaque sentinelle est responsable de tout l'Empire

22 mars 2020


C'est du Saint-Exupéry. On va en avoir besoin de grands hommes comme lui. Du coup, j'ai affiché une affiche extra dans ma maison, achetée lors de notre visite des plages du Débarquement avec Solenn il y a 3 semaines. Je ne sais pas si c'est virucide, mais c'est parfait pour rester éveillé en ces temps agités.

Nous sommes donc chacun une sentinelle; surtout Sébastien. Isolé dans le Sud-Ouest. Sans avoir le droit de se déguiser en canard pour faire coin-coin aux irresponsables qui sortent encore, ces résistants de pacotille à l'ordre actuel, et qui ne risquent rien eux-mêmes tout en mettant en danger les autres. 

Je réactive donc la Gazette afin de chroniquer en ces temps de guerre (s'cuse mon Pierre, je sais que tu n'adhères pas à l'utilisation de ce vocable par notre Président, mais tu en comprendras le sens dans les semaines qui viennent!).

Au moment où j'écris ces lignes, je confine après une quatorzaine qui devrait s'achever ce jour si tout se passe exactement comme ce n'est pas prévu. Je rêvasse à la vue de ce bocal de canard confiné lui aussi dans sa graisse et qui devrait pouvoir nous préserver des pâtes quotidiennes.

Nous sommes 5, partageant nos microbes. Le papa et la maman, keuf-keuf, mais presque plus. Solenn, qui se confine dans le confinement. Pierre, qui a évacué Strasbourg avec ses carnets et son encre de Chine. Et Camille, une amie de Pierre que nous accueillons pour cause d'étroitesse appartementaire strasbourgeoise. Tom devrait nous rejoindre dans les prochains jours pour les mêmes raisons. Hector est là, penaud et puni après avoir croqué la jambe de Camille. La cohabitation s'annonce difficile! Camille a déboulé avec un pot de rillettes entamé mais presque plein. Des légumes dont une racine de raifort, beurk. Un paquet de knacks beurk aussi. Des fromages, avec leurs croûtes. Un céleri rave. 1 poireau asséché et divers restes plus ou moins comestibles.

Les soutes sont donc pleines pour la semaine, mais pas plus que d'habitude. Nous tâchons de rester d'honorables citoyens. 4 boîtes de sardines Connétable, c'est un léger surstock mais bon. 4 bouteilles de rosé Lucile, ça devrait nous préserver dans les temps difficiles à venir. Chez Pierre Schmidt, nous continuons de produire des saucisses et tartes flambées vaille que vaille, mais je ne sais pas combien de temps nous allons pouvoir tenir. La peur gagne du terrain, alimentée par un flot d'informations  noires continues, même si nos équipes sur le terrain manifestent un courage et une volonté admirables pour tenir la barque. Il nous tarde, nous les quatorzainiens, de pouvoir les rejoindre. 

La journée commence inlassablement par un passage à la boulangerie. Depuis ce matin, on n'y rentre plus que deux par deux. 4 baguettes plus une pour Marinette et Paul, nos voisins d'en face qui n'osent plus sortir (Paul à les poumons en vrac). Ce matin, c'est Dimanche. J'ai ajouté trois croissants. Marinette me remercie par courrier et me surnomme désormais Amazon. En mieux, puisque je livre quotidiennement. Et gratuitement. Par peur des postillons, les gens qui zézaient sont priés de rester à l'extérieur. Mais le commerce fonctionne. Deux boulangeries dans le village, c'est un vrai luxe à l'heure ou plusieurs d'entre-elles commencent à fermer progressivement. L'une d'entre elle impose un client à la fois dans la boutique et la queue se forme sur le trottoir du village, les gens à distance respectable les uns des autres: ouf!. La queue atteint l'entrée du cabinet médical du village: c'est super organisé! Dans quelques jours, elle fera jonction avec le centre mortuaire. Pouf pouf.

Ce matin, j'ai croisé notre médecin de village dans sa voiture. Il était déguisé en canard. Il fait donc partie des médecins chanceux qui disposent de cette protection virale. Zut, vitale. Mais avec toutes ces informations anxiogènes, on finit par s'emmêler le clavier. Les masques sont devenus rares et nous ne cessons de recevoir des appels au boulot du monde médical au sens large pour savoir si nous pouvons les dépanner en masques, tenues, gel, désinfectant... 30 appels pour la seule journée de vendredi: "Chaque sentinelle est responsable de tout l'Empire". 

Relisons Saint-Exupéry. Nous aurons le temps.